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L’artiste est-il une startup ?

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L’essor des industries culturelles et créatives a fait rentrer l’artiste-entrepreneur dans une nouvelle ère. Si ce phénomène n’est pas récent, il peut aujourd’hui se rapprocher de celui des startups. Début de carrière, amorçage, levée de fonds, tests auprès du public : les similitudes sont nombreuses. Alors, les PNL sont-ils les Steve Jobs des temps modernes ?

La figure de l’artiste-entrepreneur est à l’antipode de la vision romantique de l’artiste, celle du poète maudit désargenté mettant sa création au cœur de toute son existence, à l’instar de Rimbaud ou Van Gogh.
L’artiste-entrepreneur est davantage maître de ses choix et cherche à mieux maîtriser le développement de sa carrière, sans pour autant négliger sa création artistique.
L’artiste se positionne alors comme un chef d’entreprise, capable de recruter des talents et d’adopter une démarche marketing pour vendre un produit : ses œuvres. Contrairement à une époque où bien qu’au centre de tout, il n’était responsable de rien, l’artiste d’aujourd’hui souhaite avoir le contrôle de sa carrière et de ses choix artistiques.
Ce mouvement ne date pas d’hier. Rubens, tout comme les maîtres italiens de la Renaissance, possédaient des ateliers dans lesquels de nombreux assistants les aidaient dans la production de leurs œuvres. Jeff Koons, Damien Hirst ou encore Olafur Eliasson n’ont fait que se réapproprier cette démarche visant à industrialiser leur production pour mieux répondre à la demande. Mais avant de devenir une multinationale de l’art, il faut bien démarrer en mode start-up.

#amorçage

Entre les artistes et les « startuppers », les ressemblances sont nombreuses et sont rendues d’autant plus évidentes par les outils numériques.
À l’instar d’une startup qui commence dans un garage, de nombreux artistes, notamment dans la musique, se mettent à composer dans leur chambre, devenue pour l’occasion un « bedroom studio ». Il ne faut pas plus qu’un ordinateur, un micro et un peu de talent pour écrire et composer une chanson. La suite est encore plus simple et se résume en quelques clics pour poster ses chansons sur les réseaux sociaux et espérer être repéré. Avec un sens aiguisé de la communication, cela peut fonctionner. Les exemples sont nombreux. D’abord emblématique des musiques urbaines qui n’avaient pas forcément accès aux labels, cette démarche a permis à des artistes comme Jul, ou des groupes comme 1995 (rap) et Sexion d’Assaut (hip-hop) d’émerger, de se constituer une « fan base » solide et surtout d’attirer l’attention des professionnels ainsi que des médias.

#financement

Peu de moyens financiers sont nécessaires pour se lancer. Que ce soit pour créer une œuvre ou démarrer une startup, les besoins se résument souvent au début à l’achat d’un ordinateur ou des outils nécessaires à la conception. D’autre part, le numérique a ouvert de nombreuses possibilités dans l’accès au financement. Historiquement, un artiste était obligé de passer par une maison de disque pour enregistrer un album du fait des coûts engendrés, ne serait-ce que par la location du studio. Il peut aujourd’hui simplement s’autofinancer par des plateformes de financement participatif (« crowdfunding »), en faisant appel à sa communauté. C’est ainsi que Georgio a pu produire son premier album, grâce à 50 000 € récoltés en ligne. En plus du gain financier, ce procédé permet aussi de s’assurer du véritable soutien des fans et de leur engagement.
Pour les startups, il s’agirait de généreux « business angels » qui aident l’entreprise dès ses premiers pas. Néanmoins, ce mode de financement n’est qu’éphémère. Il ne peut servir qu’au début d’une carrière ou dans la phase d’amorçage. Quand celle-ci décolle et rentre dans la phase de développement, les besoins sont plus conséquents. Rentrent alors dans la danse les VCs (Venture Capital = fonds d’investissements) et les maisons de production, par exemple. Le risque est alors de se sentir déposséder de son projet.

#business model

La recherche de financement s’apparente aussi à la recherche d’un business model pérenne. En effet, une fois l’argent obtenu, il faut trouver un moyen de rentabiliser les investissements et répondre aux attentes des financeurs, par la vente du produit ou de l’œuvre par exemple. Or, si quelques étapes peuvent être franchies de façon relativement autonome, le succès ne vient que si le projet rencontre son public.
C’est pourquoi il est important pour une startup de tester son produit, de tenir compte des feedbacks des utilisateurs. Dans le monde artistique, musical, le live permet ces expérimentations. Un chanteur va tester son nouvel album sur scène pour réajuster certaines interprétations et compositions.

#équipe

Savoir s’entourer est également essentiel pour construire une carrière ou une entreprise. Pour une startup, cela s’apparente au pacte d’associés, au recrutement de nouveaux talents qui complèteront l’équipe et à la constitution d’un comité d’actionnaires qui valide les grands axes stratégiques. Pour les artistes, il s’agit de bien choisir son manager, son agent, son distributeur, son label…
Plus l’entreprise ou la carrière décolle, mieux il faut savoir s’entourer pour ne pas craindre de déléguer. Car force est de constater qu’un CEO ou un artiste ne peut pas tout gérer lui-même. Personne n’imagine Beyoncé gérer seule ses multiples demandes d’interviews. Mais cela ne l’empêche pas pour autant d’être au cœur des décisions.

Le cycle de vie d’une startup (amorçage, développement, maturité) peut correspondre à l’évolution de la carrière d’un artiste. Le lancement peut ne pas nécessiter énormément de moyens humains et financiers. Mais si le succès est au rendez-vous, la structuration de l’entité devient essentielle pour l’apport de capital, le recrutement et la réalisation du produit / de l’œuvre.

Image par Hans Vivek sur Unsplash

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